Un patrimoine historique unique

L'ancienne usine des eaux date du début du XXème siècle.

De l’ancienne à la nouvelle usine des eaux

Les nouvelles installations sont mises en service en 1906 et inaugurées en 1907 par Joseph Caillaux, ministre des Finances, puis président du Conseil en 1911. L’objectif étant de distribuer 20 000 m3 d’eau par jour pour une population de 65 000 habitants. L’eau est prélevée dans la rivière, filtrée puis refoulée en vue de sa distribution par gravité.

L’usine hydraulique avec ses deux roues Sagebien d’une puissance de 85 CV chacune, actionnent, au moyen d’engrenages à alluchons (dentures en bois), des pompes horizontales. L’eau filtrée est élevée dans le réservoir de Gazonfier d’une contenance de 14 000 m3. Les roues sont mises en mouvement par une chute de 1,5 m réglée par le barrage.

L’usine à vapeur, avec ses six chaudières, alimente une petite machine de 25 CV pour les pompes nourricières des bassins filtrants. Trois autres machines d’une puissance totale de 380 CV assurent le refoulement de l’eau filtrée. Une de ces machines est encore en place dans cette salle.

La station filtrante à deux étages est composée de dégrossisseurs à gravier et de filtres à sable fin. Lorsque les filtres sont colmatés, le sable est dirigé vers une laveuse pour y être nettoyé avec une solution de permanganate de potassium.

Le règne de l’électricité et la nouvelle usine

Dès 1935, la production devient insuffisante. On fait alors appel à l’énergie électrique d’une commutatrice pour alimenter en courant continu des pompes nourricières d’eau brute. Deux groupes électro-pompes de 500 m3/heure refoulent l’eau filtrée. Cette évolution technologique entraîne la suppression des chaudières et des machines à vapeur en 1957.

L’usine connaît également différents aménagements de la station filtrante.

En 1946, une nouvelle série de dégrossisseurs et de préfiltres dotés du nettoyage par air et eau sous pression sont installés. Un poste de stérilisation finale à l’eau de Javel est mis en service.

En 1957, une station de filtration complémentaire sur filtre rapide est construite et, en 1961, la stérilisation s’effectue soit par du chlore gazeux soit par du bioxyde de chlore.

Mais les besoins en eau augmentant fortement, il est décidé, en 1965, de construire une nouvelle unité de production. Réalisée en deux étapes, la nouvelle usine, entrée en service en 1977, assure seule, depuis 1979, la production de 60 000 m3 d’eau potable par jour pour le Mans et son agglomération.

En 1997, le bâtiment est restauré et devient un des pôles de l’Arche de la nature, la Maison de l’eau.

L'éolienne Bollée de la Maison de l'eau

Installée à la Maison de l’eau en 2007, la turbine est de nouveau en fonctionnement et actionne les pompes pour capter de l’eau en circuit fermé.

Cette petite éolienne de quinze mètres de haut possède une turbine d’un diamètre de 2,5 m (voir photo ci-contre). La colonne de fonte qui soutient l’ensemble, comporte un escalier en spirale. L’éolienne actuellement en place à la Maison de l’eau, a “trôné” rue de Pied-Sec au Mans, de 1895 à 2002. Elle se situait au niveau de la grille d’entrée d’une usine militaire fabriquant de la poudre. Après son démontage en 2002, la machine était incomplète et endommagée. Il a donc fallu la restaurer. Un exemplaire de la pompe manquante a été récupéré chez un particulier. Après avoir été modélisées par ordinateur, certaines pièces ont été refaites (pignons, papillon orienteur, couple de raccordement…).

Toute une histoire...

Au XIXème siècle, les ingénieurs de la famille Bollée se font connaître au Mans et à Saint-Jean-de-Braye, près d’Orléans. Le fondateur de la “dynastie” du Mans, Ernest-Sylvain Bollée, est fondeur de cloches. Il fait breveter un bélier hydraulique (1857) et une turbine à vent (1868). Il délègue peu à peu la gestion de ses affaires à ses trois fils. Le plus jeune, Auguste, s’occupe de la construction des turbines à vent appelées également “éoliennes”. L’aîné, Amédée (père de Léon), est à l’origine de la voiture à vapeur, “La Mancelle”, construite en 1878.

Les éoliennes Bollée permettent de pomper l’eau potable dans un puits jusqu’à 40 mètres de profondeur. Elles étaient installées dans des lieux isolés (châteaux, fermes, etc.), des lavoirs ou des fontaines publiques. La plupart des acheteurs étaient des bourgeois, des propriétaires terriens ou des communes.

Le fonctionnement de la machine est assez simple. Le courant d’air traverse une roue fixe. Ses déflecteurs le dirigent vers le rotor mobile, qui actionne ensuite les pompes à eau. La nouveauté technologique réside dans un petit rotor de pivotement (le “papillon orienteur”) qui positionne la turbine dans le sens du vent ou qui le sécurise “en drapeau” en cas de vent violent.

Aujourd’hui, plus de 300 éoliennes Bollée sont recensées en France dont 40 en Sarthe.